YOD'HÄ YOGA
"Voici le style de yoga que j'ai créé il y a quelques années, et dont je suis fier. Il est à l'image que je me fais du yoga, en harmonie avec le yogi que je suis, qui considère cet art comme un art martial, dynamique et spirituel, en lien avec ses origines : sa terre mère, l'Inde, l'art de la pratique physique originel, le kalaripayatt, la médecine traditionnelle et les massages, l'Ayurvéda -. Je voulais des postures (asanas) à travers des séries immuables et courtes afin de pouvoir les mémoriser et permettre aussi de rendre la pratique plus indépendante pour chacun - une pratique d'intimité qui exclu toute dépendance à un gourou. Les séries, par leur thème, rendent hommage aux piliers même de la spiritualité païenne du Shivaïsme : le guerrier, les animaux, les végétaux, les divinités de l'Hindouisme." - S.G.
Introduction au Yod’dhä Yoga
Yod'dhä en sanskrit signifie guerrier ou combattant.
D’un certain point de vue le yoga est un art martial - même si ce terme qui signifie "pratique de combat" peut sembler être une contradiction avec l’image que se font beaucoup du yoga - d'ailleurs on trouve d'autres pratiques comme le chi-gong ou le tai-chi, absolument inoffensives et pourtant classifiées dans les arts martiaux. L’art martial est aussi et avant tout une pratique de respect et d’écoute de son corps.
Le yoga est un vrai combat, à travers la souffrance du corps, un combat avec soi-même. « L’esprit au-dessus de la matière » cet adage célèbre est compréhensif par tous yogi(ni)s : le mental doit surpasser la douleur, la perte d’équilibre, parfois même l’échec quand à l’incapacité d’effectuer une posture ou de méditer – c’est alors là que nait l’un des grands pouvoirs du pratiquant de yoga : l’humilité.
Il faut aussi toujours se rappeler que le yoga reste avant tout une pratique irritée de la culture indienne, où les concepts du cartésien et du manichéen n’existent pas. Quand l’occident pense de façon carrée, l’orient pense de façon ronde. On considère que bonté et cruauté, à l’image de la vie se côtoient sans cesse.
Shiva Virabhadra, Shiva l'épouvantable
Les postures de Virabhadra sont d’ailleurs là pour nous donner raison sur ce point. Elles sont présentes dans tous les styles de yoga, jusque dans les salutations au soleil.
L’occident a eu beau traduire ces postures par « Guerrier/Warrior », elles n’en sont rien à l’origine. Virabhadra est un dieu vengeur, un avatar assez sombre de Shiva, qui apparaît dans le feu (Virabhadrasana A), s’adresse à la foule (Virabhadrasana B) avant de punir en dévorant ou en punissant par une malédiction (Virabhadrasana C).
Pourquoi ce personnage, appelé aussi Shiva Karalar, autrement dit Shiva l’Épouvantable, est-il si présent dans le yoga ? Ou alors pourquoi vouloir considérer le yoga comme un art de vivre en lien qu’avec une spiritualité pacifiste ? Une erreur de l’influence américaine peut-être.
Si Shiva est le dieu incontestable du yoga, c’est Vishnu, par son avatar Parashûrama, qui créa la terre du Kerala et qui est la divinité du Kalaripayatt.
Kalarippayatt ou Kalarippayattu, en malayalam, signifie les exercices de combats (payatukka) de l’arène (kalari). Il est la plus ancienne technique martiale connue (Bodhidharma qui a fondé l’école des Shaolins en Chine et créé la plupart des arts martiaux est venu du sud de l’Inde en faisant souvent référence à des textes et techniques du kalaripayatt) mais aussi la plus ancienne technique médicale connue, en lien total avec l’Ayurveda. En effet, les gurukkal, maîtres du kalaripayatt sont guerriers et médecins, car ils sont censés connaître les techniques qui tuent mais aussi celles qui soignent.
Concept du Yod’dhä Yoga
Le Kalaripayatt et le Yoga sont des disciplines de vie très communes :
- toutes deux issues de l’Inde Ancienne, les textes qui s’y réfèrent remontent à 400 av JC
- elles combinent l’art du travail physique, de l’hygiène et de la médecine (kriyas, ayurvéda), de la philosophie (dogmes de respect et d’intégrité) toujours en lien avec la nature et la religion hindou
- elles comportent des pratiques physiques exigeantes et codifiées traditionnellement débuter par des mantras, puis une chorégraphie d’échauffement (salutation) suivi de postures et mouvements (asanas au yoga et chuvadukal au kalaripayat) qui imitent les animaux.
Les pratiquants de ces deux disciplines ont créé leurs postures par observation de la nature – c’est une qualité première : regarder, être ouvert aux autres, au monde.
Le Yod’dhä Yoga est une pratique hybride, presque évidente, où ces deux arts de vivre s’alimentent l’un l’autre. En plus d’apporter une connexion à l’ayurveda, il se mélange ici les postures des deux disciplines, avec en combinaison le mouvement sur une trajectoire comme dans le kalaripayat, en avançant et en reculant.
C’est là toute la particularité du Yod’dhä Yoga, le yogi doit alors en plus de la tenue des postures intégrer la grâce du mouvement en avançant et en reculant.
Chaque série est répétée afin de la mémoriser, puis de la maitriser sur un décompte précis – sa propre respiration dans une pratique seul, sur un temps donné par l’enseignant (ex : cinq temps pour tenir chaque position et cinq temps pour faire la transition entre chacune). Ici sont testés les qualités du pratiquant à pouvoir exécuter chaque série dans la fluidité, l’écoute de son souffle et surtout sans anticipation ni accélération.
Subtilement, on passe de postures de force à des postures d’équilibre, de l’étirement à des compressions intenses – ce qui en fait dans la pratique, un yoga très éprouvant.
Les séries – logiques et symbole
(dessins par Sameet SANE)
1 - Les trois AUM
En hommage à la trinité, de façon silencieuse ou sonore, ils se pratiquent avec un mouvement qui imite celui des pratiquants de Kalaripayatt, en passant les mains des cuisses jusqu’au sol, symbole du rapport à la terre (une façon aussi de s’essuyer l’huile sur les jambes afin de retirer le sable possible).
Le premier devant soi les pieds joints pour Bhrama.
Le second à gauche avec pied droit à l’extérieur du pied gauche pour Vishnu.
Le troisième et dernier à droite avec pied gauche à l’extérieur du pied droit pour Shiva.
Toujours sur le souffle et la concentration.
2 - Les deux SALUTATIONS
Elles travaillent sur l’échauffement du corps, comprenant une « vague » qui permet d’onduler la colonne vertébrale, axe central, pilier du guerrier.
La seconde salutation comprend Vasisthasana, la planche latérale, afin de commencer le gainage dès le début de la pratique, suivi de Virabhadrasana.
3 - Les Quatre Séries de POSTURES DEBOUT
Dans les séries debout, les postures se succèdent toujours dans une volonté de contraste en passant d’une posture « solide » à une posture d’équilibre. Vous retrouvez les étirements sur l'ensemble du squelette, articulations et muscles, les engagements musculaires profonds, les twists, les équilibres, les compressions.
Série 1 – Shira Virabhadra
… qui apparaît / … qui observe / … qui s’adresse / … qui attaque / … qui esquive / … qui danse
Série 2 – Les Animaux
Lézard / Aigle / Sanglier / Coq / Dragon / Paon
Série 3 – Les Eléments
Tulsi dans le vent / Petit Ashoka / Le Gymnéma / Grand Ashoka / Fleur de curcuma / Banyan
Série 4 - Les Divinités
Nasimha / Ganesha / Vishnu / Kali / Krishna / Brahma
4 - Les Quatre Séries de POSTURES AU SOL
Dans les séries au sol, les postures se succèdent comme dans le yoga traditionnel sur un tapis, sauf la série « accroupi » où on peut sauter d’avant en arrière.
Série 1 – Kapota à Komodo
Pigeon Royal / Pigeon assoupi / Pigeon en twist / Komodo I / Komodo II
Série 2 – Assis
étire vers l’Ouest / Archer / Par delà l’épaule / Sage Marichi / Genou à la Tête / Héron
Série 3 – Accroupi
Guirlande / Eléphant / Guirlande en twist / Corbeau / Inversé sur la tête
Série 4 – Allongé
Arc I / Sauterelle / Arc II / Chandelle /Charrue / Compression aux Oreilles
Bien sûr, on finit la pratique par Savasana, posture allongé sur le dos, relâché, immobile.
5 – Règles de souffles et de mouvements
Il est toujours futile de vouloir mettre des règles et tout codifier dans une pratique, d’autant que l’histoire nous prouve que le yoga reste une pratique mouvante et vivante qui évolue et donc change au gré du temps.
Dans le Yod’dhä Yoga, il y a cependant deux règles d’or :
- pas d’anticipation, rester dans une posture sans vous projeter déjà dans la prochaine, vivez le moment présent et donc chaque posture
- pas de précipitation et donc pas d’urgence, pour cela il faut rester connecté à la respiration
Cependant la base des asanas dans le yoga est d’associer mouvements de transition et postures à sa respiration. Il faut trouver cette harmonie qui vous permettra une pratique agréable et surtout bénéfique. Il est mieux d’engager un mouvement sur une inspiration et de garder la posture, donc la partie statique sur une rétention d’air ou une expiration.
6 – Pratiques sur deux tapis
Le Yod’dhä Yoga doit se faire traditionnellement, pour les séries de postures debout, sur deux tapis, soit une surface d’une longueur de trois à quatre mètres afin de faire les six postures debout d’avant en arrière.
Le pied d’appui diffère d’une posture à l’autre, ce qui apporte avec l’alternance posture de force/posture d’équilibre un vrai travail d’équilibre du corps.
Les transitions ne sont pas figées, et c’est là où ce style de yoga est intéressant : avec la mémorisation des séries et une certaine pratique, on peut sans cesse évoluer, travailler sur ses transitions et explorer toujours son espace vital de façon différente et nouvelle.
Les séries de postures au sol ne se pratiquent que sur un seul tapis, sauf exception pour la série des accroupis où vous pouvez sautez sur les mains entre chaque posture.
7 – Pratique sur un seul tapis
Vous n’avez qu’un seul tapis ou peu de place pour pratiquer – ce n’est pas grave ! Vous allez dans ce cas pratiquer en alternant avancé et reculé à chaque posture et ainsi passer d’un pied à l’autre sur l’avant et l’arrière du tapis, à la façon d’un vinyasa.
Combattez et réveillez le Yod’dhä qui est en vous – que la force soit avec vous !
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